Ça y est, c’est fait, notre traversée vers la Nouvelle-Zélande vient de boucler la boucle de nos navigations de l’année 2011!
Lundi 24 octobre 2011, nous mettons le cap sur l’un des pays qui nous attire le plus depuis le début de notre aventure : la NOUVELLE-ZÉLANDE.
Nous vivons un départ plutôt “brutal”; dès notre sortie du lagon, la réalité nous frappe de plein fouet avec des vents de 30 nœuds au près serré, mer agitée avec vagues courtes de 15’. Résultat : 3/4 de notre équipage est malade! Seul notre capitaine tient bon. Vite on prend un 2e ris, puis un 3e et on enroule une partie du génois. Oups! Notre bimini se déchire; vite il faut neutraliser les dommages malgré la forte gîte. Attention, une vague nous douche dans le cockpit, vite il faut se changer… Rien de mieux que de se tenir occupé pour chasser les hauts le cœur! Voilà notre départ!
À l’aube de notre 2e journée, seul Oli est toujours malade. En après-midi, l’appétit des troupes revient peu à peu. Nous passons la journée bien calés derrière nos toiles anti-roulis. Les enfants ne bougent pas de leur lit; j’entends alors :“maman, maman, maman” pour tout!
Heureusement, à notre 3e journée, la vie reprend et nous avons tous très faim! Nous demeurons bien calés dans notre coin, car nous naviguons toujours au près, bien que le vent ait diminué (20 nœuds) et que la mer se soit allongée.
Qui a dit que faire la vaisselle ou la cuisine n’étaient pas un sport?
Je me suis d’ailleurs posé la question : “Est-ce que je préfère cuisiner en me tenant pour ne pas perdre l’équilibre (navigation au près), ou alors cuisiner en tenant tous mes aliments afin qu’ils ne tombent par terre (vent arrière)?” Au bout du compte, j’en viens à la même conclusion : “Dans les deux cas, on se sent comme dans une machine à laver à spin!”
Lorsque les enfants sortent enfin de leur cabine…
Nos principales activités de la journée : lecture en avant-midi;
Films éducatifs sur ordinateur en après-midi.
Congé d’école cette semaine!
Vient le moment tant attendu des enfants : la surprise de mi-route! Petit module Lego pour Olivier et Bande Dessinée pour Guillaume. Ça nous fait bien plaisir de les encourager et les récompenser de la sorte, car il ne faut pas oublier que pour eux, ce n’est pas une semaine olé olé! Ils sont malades, ne dorment pas bien, ne mangent pas beaucoup, ne bouge pas du tout et ne se plaignent pas. Chapeau les mousses!
Olivier a davantage besoin de dépenser son énergie : il se construit des cabanes avec tout ce qu’il trouve, fait des courses de voitures avec la gîte, se déguise…
Tandis que Guillaume, devant un bon livre ou un film, se fait bien silencieux.
Ghislain peut passer des heures et des heures à regarder l’horizon en silence, dans sa bulle!
Voilà notre capitaine qui fait entrer notre précieuse météo à l’aide de notre téléphone satellite; nous en profitons également pour donner des nouvelles à nos familles. (Notre radio BLU ne fonctionne pas à son meilleur ces semaines-ci.)
Cette navigation-ci est sans doute celle qui nous chicote le plus cette année dû à la complexité des systèmes dépressionnaires entre les parallèles 30 et 35. Environ tous les 7 à 10 jours, une dépression se forme entre ces hautes latitudes, que nous atteignons normalement dans les 300 milles restants. Pour nous accompagner dans cette traversée, nous avons fait appel à deux experts météorologues : M. Claude Arcand à Montréal (Petit Réseau du soir; 14150 BLU) qui nous a transmis notre météo quotidiennement, ainsi que M. Bob McDavitt en Nouvelle-Zélande qui nous a guidés sur le jour du départ. Leur aide nous a été plus que précieuse, elle a été essentielle! Un merci bien chaleureux à ces deux monsieurs.
Peu importe la position et les conditions de travail, rien ne peut attendre en traversée. Ici, Ghislain ajuste le nerf de chute de notre grand-voile.
La totalité de notre navigation s’est faite au près (serré et bon plein); ce n’est pas l’allure la plus confortable certes, mais elle fût rapide avec une moyenne de 165 milles par jour. Ghislain a toujours bien pris soin de régler les voiles afin de jumeler rapidité et sécurité, car une journée de moins en mer, c’est aussi une journée de plus en sécurité!
Mon café matinal! C’est bon pour le moral, c’est bon bon, c’est bon bon…!
Nous sommes stupéfaits de croiser des oiseaux si loin de la terre; celui-ci est de la famille des Pétrels. Aussi, nous avons eu la chance de voir des Albatros, oiseau qui vit principalement en mer et qui retourne à terre que pour se reproduire.
Et nos amis les dauphins qui viennent nous accompagner; toujours des moments magiques!
Notre migration vers le sud correspond également à du temps plus frais; chaque jour, nous ajoutons une épaisseur!
Aussi, les heures d’ensoleillement s’étirent (le soleil se couche vers 20h) et les étoiles nous semblent plus proches!
C’est aux petites heures du matin (2h45), lundi 31 octobre (bon Halloween!), que nous arrivons en NOUVELLE-ZÉLANDE avec toute la fierté qui accompagne la réalisation de notre rêve.
Grâce à notre système AIS, qui émet notre position et nous permet de recevoir la position des bateaux émetteurs, un voilier, arrivant en même temps que nous et connaissant les lieux, nous a escortés jusqu’au quai des douanes et ce malgré la complexité du passage. Une belle petite bébelle électronique!
Notre entrée au pays des kiwis s’est fait bien simplement avec des douaniers très sympathiques; l’opération fût beaucoup plus simple que ce que nous pensions. Fruits, légumes, œufs et viandes furent confisqués, mais aucune fouille des cales et des équipets; nous avons pu conserver farine, sucre, pâtes, sans oublier notre précieux sirop d’érable et nos pots Masson. Nous y étions préparés, alors il ne nous restait presque plus de produits frais!
Somme toute, nous sommes très satisfaits de notre navigation; nous n’avons pas eu de pépins majeurs, pas eu de mauvais temps et du vent nous permettant de faire la route 100% à la voile. Une fois de plus, nous avons appris beaucoup de cette navigation, notamment, parfaire nos prises de ris (réduire la surface de voilure). Aussi, nous constatons que notre préparation a été à son meilleure; aucun détail n’a été négligé : le bateau, l’équipage, la bouffe, tout était prêt, même les toiles anti-roulis étaient dégagées. L’expérience a porté fruits!
Maintenant, notre Myriam peut se reposer ainsi que son équipage. Nous planifions passer la prochaine saison cyclonique en NOUVELLE-ZÉLANDE. Pas beaucoup de navigations au programme, surtout du temps à voyager à terre, en camping. Mais il va falloir que ça réchauffe un peu!