mardi 9 février 2010

DES ÉMOTIONS À LA TONNE...


Samedi, 6 février 2010

Nous sommes au lendemain de notre retour à Samana (Île Cayo Levantado). Donc, ce matin, nous envisageons toutes les possibilités, même de modifier notre route afin d’éviter le passage Mona, nous étudions la météo. Nous faisons de l’eau aussi! C’est super, ça fait 3 fois que nous faisons de l’eau sans avoir à en ramasser dans les fonds de cale…

Nous jetons un œil de temps en temps chez Magie; c’est bien tranquille malgré la belle journée ensoleillée. Nous les sentons bien songeurs… Je vais à la plage avec les enfants; Vincent et Philippe viennent nous rejoindre. Tout l’avant-midi, Carole et Daniel se questionnent et analysent toutes les possibilités. Est-ce qu’ils se dirigent vers Cuba tout de suite ou s’ils tentent à nouveau le passage Mona? Car ils avaient prévu Cuba dans seulement un mois. Il nous reste donc encore un beau mois devant nous. Ghislain essaie de leur faire voir son point de vue, puis les laisse mijoter à tout ça, mais nous sentons vraiment que tout pourrait s’arrêter là... La mer est très calme, nous pourrions même partir aujourd’hui. L’émotion est bien palpable! Même moi à la plage, je regarde les 4 enfants s’amuser; ils sont tellement beaux! Des larmes coulent sur mes joues à travers mes lunettes soleil en pensant que ça pourrait être la dernière fois. Nous savons tous qu’il y aura une dernière fois, mais pas tout de suite, encore un mois S.V.P. Il nous reste encore un beau mois avant votre départ vers Cuba. Ça mijote donc aussi dans ma tête!

Puis les garçons viennent sur Myriam. Ils écoutent un film. Carole appelle sur la VHF pour que Vincent vienne les chercher elle et Daniel, car leur annexe est chez nous. C’est Ghislain qui part les chercher. Dès que je les aperçois de plus en plus près de Myriam, je comprends ce qui est en train de se passer. Ça y est, c’est le moment de nous dire aurevoir... Carole et Daniel se tournent vers moi et nous pleurons tous les quatre. C’est difficile, très difficile! Nous nous asseyons dans le cockpit, un verre de Pina Colada à la main et nous jasons un peu, la gorge nouée. Nous nous disons à quel point nous avons eu du plaisir ensemble et combien nous avons été choyés de passer ces 2 mois là ensemble! À travers les larmes, nous nous racontons quelques anecdotes. Puis, les enfants se joignent à nous. Nous pleurons tous les huit maintenant. Nous ne voulons tellement pas nous quitter, mais c’est inévitable. Eux continuent vers Puerto Plata, puis Cuba et nous, vers Puerto Rico. Et comme la mer est calme et que les conditions nous conviennent, nous décidons de partir cet après-midi. Depuis quelques jours, quelques semaines, nous savions que cela pouvait arriver à tout moment, mais nous ne pensions pas que ce serait si difficile. Au départ, Magie n’avait pas prévu venir en République Dominicaine. Ils ont changé leur plan pour nous suivre. Nous nous apprécions beaucoup, il y avait une belle chimie, une belle complicité entre les deux équipages et nous nous le disions souvent. Nous perdons de bons compagnons de voyage, de bons amis avec tout ce que l’amitié peut apporter, aussi la sécurité de naviguer à deux. Et puis, nous avons de la peine pour nos enfants. Comment vont-ils vivre cette séparation. Nous comme adultes, nous pouvons gérer un peu mieux cette peine, c’est ce que nous pensons en tout cas. Et puis, nous trouvons cette séparation précipitée. Il nous semble que si elle avait eu lieu dans un mois, après avoir visité Puerto Rico et les Îles Vierges ensemble, nous aurions pu dire : « Nous sommes allés à la limite du temps que nous pouvions passer ensemble. Nous ne pouvons en demander plus. »

Vient maintenant le moment de vraiment nous quitter. Nous nous serrons fort fort dans nos bras, nous nous disons Merci, que nous nous aimons; nous nous disons Bonne Chance, nous pleurons. Puis, nous nous envoyons la main jusqu’à ne plus nous voir, puisque Myriam a levé l’ancre.

Sur Myriam, nous sommes bien silencieux tous les quatre dans le cockpit. Puis la navigation prend place, nous nous concentrons bien sur la route à suivre. Heureusement, cette navigation se passe vraiment bien; bien plus facile, rapide et confortable que ce à quoi nous nous attendions. Nous naviguons au près bon plein et vent de travers. Le voilier est bien appuyé; nous naviguons voiles-moteur la majorité du temps afin d’avoir une belle propulsion. Nous sommes contents, car nous arriverons plus tôt que prévu à Boqueron, Puerto Rico.

Nous sommes arrivés à Boqueron dimanche 7 février vers 10h. Nous sommes bien contents d’être arrivés à Puerto Rico. C’est une grosse étape de franchie. Et puis, à partir d’ici et des Îles Vierges, les Alizés vont s’installer, nous aurons tous les jours des vents constants, Sud-Est soufflant de 15 à 20 nœuds. Selon notre capitaine, cette navigation était la plus difficile de l’année 2010. PASSAGE MONA : COCHÉ!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire